Livre Modéliser avec la PNL R Dilts – 7 – les Transformations : Généralisations Omissions Distorsions
Les structures profondes que sont les concepts, les expériences sensorielles, émotionnelles, les apprentissages, sont reflétées au travers des structures de surface que sont les mots, les signes, les symboles.
Entre les deux doivent obligatoirement opérer des transformations.
Par exemple « ma mère » renvoie à tout un tas de souvenirs, émotions, une part d’identité, des sons, des images mentales, un sens … que je ne vais pas exprimer à chaque fois en détails quand je pense à ma mère, ou que je parle de ma mère. Je « vis » cette expérience « ma mère » quand je pense à elle.
Entre le monde vaste de tout ce qui structure (profonde) « ma mère » pour moi, et l’utilisation des mots, signes et symboles qui sont des structures de surface, j’opère des transformations.
– Généralisation : des fragments de l’expérience « ma mère » se détachent de l’expérience d’origine, singulière et personnelle, pour pouvoir généraliser le « concept » de mère : ma mère, ta mère, sa mère, leur mère, notre mère … renvoient à chaque fois à une « réalité » différente, singulière. Pourtant, grâce à la généralisation, nous pouvons tous utiliser le mot « mère » de façon commune, bien que les vécus soient très différents. On observe qu’on peut même parler de la mère dans des langues différentes. Le langage est structure de surface. Le mot mère ne peut pas être structure profonde, car chaque langue possède son mot propre qui y correspond : mère, mother, mutter, mama, etc…
De plus, je « vis » cette expérience « ma mère » à chaque fois que je pense à elle, et je vis cette expérience à chaque fois d’une manière un peu différente, en fonction de mon humeur, en fonction du contexte dans lequel je pense à ma mère : si je parle d’elle de manière très intime, ou si par exemple je te dis « c’est une recette que m’a transmis ma mère », auquel cas ma mère n’est pas le sujet principal (mais c’est la recette). Mais j’utilise à chaque fois le mot « ma mère ». La généralisation nous permet de communiquer, de signifier, de symboliser notre monde personnel et commun.
– Omission ou Sélection : Nous sélectionnons certaines parties de nos expériences, et en excluons d’autres. Par exemple, dans un environnement bruyant nous pouvons sélectionner la voix de notre partenaire de conversation. Nous sommes obligés de passer par ce processus de sélection pour réduire là aussi le monde de telle manière à pouvoir gérer le vécu. Nous en avons besoin. Ainsi nous procédons à des réductions qui sont différentes en fonction des personnes, des cultures, des contextes. L’omission est aussi celle qui nous exclue, ou qui retranche une partie de notre affect, et nous pouvons en être blessé quand quelqu’un retranche une partie qui nous est chère dans le sujet qui est discuté.
– La distorsion ou déformation : Ce mot évoque plutôt la transformation qu’effectue notre imaginaire. Nous devons être capables de dénaturer et déformer (distordre), ou encore de travestir la réalité pour la « manipuler », par exemple imaginer une nouvelle manière de faire. Les inventions scientifiques et les artistes sont des expressions de la capacité à la distorsion. Nous en avons besoin.
Nous devons être capables de généraliser, sélectionner et dénaturer nos vécus pour pouvoir nous débrouiller dans le monde qui nous entoure. C’est même indispensable pour la survie de notre espèce !
Question : certaines personnes sont-elles plus proches de leurs structures profondes et ne savent-elles pas bien procéder aux transformations vers des structures de surfaces. Peut-on parler en ces termes pour les personnes qui sont autistes ou apparentés tels ? Dans ce cas, on s’intéresse non pas au langage, mais plutôt, en amont, au processus de transformation dont le langage est l’expression.
Les structures profondes sont personnelles, singulières, évolutives au fil de l’existence, et inconscientes. Nous ne jetons que très rarement, ou jamais, un oeil sur nos structures profondes.
exercice : se pencher sur une valeur, par exemple la liberté, décrire tout ce que ce mot représente pour soi, dans tout ce que ce mot a de très personnel, aller de plus en plus vers l’expérience singulière de ce mot. On peut aussi, par exemple, parler de « ma mère » et aller au fond de ce vécu très personnel. Il en ressort que nous avons des expériences très différentes les uns des autres de ces concepts pourtant généraux de « liberté » ou « ma mère ».
Les structures de surface ne sont pas seulement celles de la communication avec l’extérieur de soi. J’ai besoin des symboles, signes, simplifications (généralisation, omission, distorsion) pour me débrouiller avec le monde, même avec moi-même. Par exemple, si je veux écrire un article sur ce livre, j’utilise tout un tas de simplifications pour me concentrer sur la compréhension puis sur la traduction avec mes mots de la partie du livre dont je veux parler dans cet article. Je ne m’attache pas à mon environnement, ni à mon ordi, ni à la taille des caractères, je me concentre sur ce dont j’ai besoin pour écrire. J’ai besoin de cela pour écrire.
J’ai besoin de me mettre en état de conscience modifiée pour écrire, d’ignorer les distractions que peuvent être les sons autour, le vent qui agite les arbres, etc…
Je peux en arriver à oublier d’avoir une position correcte et de me retrouver avec un mal de dos à force de rester ainsi focalisé.
De cette même manière, le processus de transformation peut être source de conflit interne ou externe, si je vais trop loin dans la généralisation, la sélection ou encore le travestissement de ce qui se passe.