Gui représente à la base l’âme d’une personne morte, c’est l’âme de cette personne dépourvue de corps qui s’élève vers le ciel après la mort. L’idée est qu’après la mort, l’âme survit.

Une remarque très importante : le “ciel” n’a rien à voir avec le paradis chrétien. Et ces idées sont très anciennes, sans aucun lien avec la réincarnation bouddhiste ou le karma. Elles remontent à 2000 av. J.-C., bien avant la naissance du Bouddha, et donc avant le taoïsme, le confucianisme ou le légisme.

Mais ces idées sont encore bien vivantes aujourd’hui : dans certaines régions rurales de Chine, ces pratiques existent toujours.

 

Les deux traits de l’idéogramme de Gui représentent le mouvement de cette âme sans corps après la mort. Ces deux petites lignes ont une signification clinique très importante pour le Hun, pour la nature même du Hun. Elles indiquent le mouvement de cette âme après la mort, et d’un point de vue psychologique, un aspect essentiel du Hun est justement son mouvement : le Hun est toujours en action, en train de chercher, de planifier, d’avoir des idées, etc…

À l’origine, Gui n’était ni bien ni mal : ce n’est pas forcément un esprit malfaisant, c’est simplement l’esprit d’une personne morte qui continue d’exister après le décès.

 

Deux mondes qui communiquent

Il y a la communauté des morts et la communauté des vivants, et elles communiquent. C’est pourquoi les Chinois ont un sens très fort du culte des ancêtres : il faut se comporter de manière éthique, notamment pour ne pas déplaire à ses ancêtres. Cette idée reste très forte aujourd’hui.

Pour vous montrer à quel point on croyait que l’âme survivait à la mort, les personnes importantes avaient de petites figurines placées dans leur tombe — d’ailleurs en remplacement du fait de mettre de vraies personnes dans les tombes, ce qui se faisait aussi.

Le premier empereur de Chine, Qin Shi Huangdi — celui qui a fait construire l’armée de terre cuite — a fait enterrer vivantes toutes ses concubines avec lui, parce qu’il en avait besoin dans l’au-delà.

Encore maintenant en Chine, c’est une très mauvaise chose si un homme célibataire meurt : c’est terrible, parce qu’il n’aura personne pour s’occuper de lui dans l’au-delà — c’est vraiment une chose horrible. Et dans des temps pas si anciens, si un jeune homme mourait dans un accident, on essayait de trouver une jeune femme récemment décédée pour la placer dans sa tombe.

Tout cela montre à quel point ces idées sont profondément enracinées.