un article (traduit) de Mark Tyrrell

 

1. Prendre de la distance par rapport à l’inquiétude

Je parle souvent du fait que nous sommes capables d’imaginer absolument n’importe quoi, mais l’adhésion à ce que nous imaginons est une toute autre affaire. Stephen King utilise son imagination (comme beaucoup d’écrivains) pour créer des scénarios terrifiants, mais il produit toutes ces idées effrayantes sans en être lui-même effrayé. Il peut clairement se détacher de ce qu’il imagine.

Aussi simple que cela puisse paraître, c’est souvent une idée complètement nouvelle pour beaucoup d’inquiets. Au moment où j’écris ces lignes, je peux très bien imaginer le plafond s’effondrer sur moi sans croire une seule seconde que cela va se produire (je croise les doigts).

Plutôt que d’essayer de leur faire « ne pas y penser » – le conseil le plus inutile qui soit – nous pouvons leur apprendre à se détendre profondément tout en imaginant ce qui les effraie normalement. Ils peuvent hypnotiquement « voir » leurs soucis au loin, « là-bas », tout en se sentant très détendus, « ici ». Je peux même prescrire des doses déterminées de « s’inquiéter tout en se relaxant » à l’inquiet chronique, à prendre entre les séances. En fait, nous leur demandons de s’inquiéter sans se sentir inquiets. J’ai trouvé cette méthode étonnamment facile et efficace.

L’émotion est le néon qui crie : « Faites attention à ça ! » Lorsque vous diminuez l’émotion, les pensées compulsives s’estompent et il devient beaucoup plus facile pour votre client d’arrêter de s’inquiéter.

2. Organiser l’inquiétude

Il n’y a rien de tel qu’un calendrier pour reprendre les choses en main. L’inquiétude a tendance à être envahissante, à se frayer un chemin dans votre tête lorsque vous essayez de vous amuser ou de vous concentrer sur quelque chose. Prescrire un « temps de l’inquiétude » est une façon élégante de prescrire le symptôme et d’organiser cette utilisation destructrice de l’imagination comme un prélude pour s’en débarrasser une fois pour toutes. (Bien sûr, le fait de pouvoir s’inquiéter parfois est utile pour chacun d’entre nous, donc nous ne nous en débarrasserons peut-être pas complètement – nous le garderons simplement à sa place).

En demandant au client de choisir un moment précis de la journée pour s’asseoir et ne rien faire d’autre que s’inquiéter pendant une période déterminée (pas plus de 20 minutes), on lui donne la permission de « différer l’inquiétude ». Lorsqu’une pensée gênante survient, il doit se dire : « D’accord, c’est une pensée inquiétante. Je m’en préoccuperai dans mon « temps d’inquiétude », pas maintenant ». Cela montre rapidement au client que l’inquiétude n’a pas sur lui l’emprise qu’il croyait. Lorsqu’il doit le faire pendant 20 minutes, il devient de plus en plus difficile de le faire – se transformant de quelque chose qu’il ne peut pas s’empêcher de faire en quelque chose qui est une véritable nuisance à maintenir.

3. Écrire les étapes de la solution

L’inquiétude qui ne mène nulle part est comme un chien qui court après sa queue et conduit à trop rêver.

Il a été démontré que le fait d’écrire sur des questions émotionnelles fait baisser le taux d’hormones de stress, peut-être parce que l’écriture nous oblige à utiliser d’autres parties du cerveau (moins émotionnelles). Mais pour être vraiment efficace, l’écriture doit être plus qu’un simple défoulement. Demandez donc à vos clients inquiets d’utiliser cette technique d’écriture pratique :

Liste – demandez-leur d’écrire, exactement et clairement, ce qu’ils craignent, en dressant une liste aussi complète que possible.
Diviser – marquer chaque élément de la liste comme « soluble » ou « insoluble » (par exemple, les inquiétudes liées à des situations qui ne peuvent être changées immédiatement ou les inquiétudes liées à un passé immuable).
Etapes – Copiez tous les éléments « solubles » dans une seule colonne au recto d’une page. À côté de chaque élément, écrivez quelques mesures pratiques qui peuvent être prises pour « résoudre » le problème.
Résoudre – Copiez tous les éléments « insolubles » dans une seule colonne au recto d’une autre page. En regard de chaque point, décrivez ce qu’il faudrait ressentir différemment face à ces questions pour résoudre psychologiquement ces soucis (par exemple, « Je dois accepter qu’il est parti et qu’il ne reviendra pas »).

4. Jetez vos soucis à la poubelle

On a constaté que le fait d’écrire de mauvais souvenirs, de sceller le papier dans une enveloppe et de la jeter ensuite avait une influence sur la mémoire. Le souvenir des détails émotionnels d’un événement s’affaiblit après cet acte métaphorique(3).

Une cliente m’a dit qu’elle s’inquiétait de certaines choses dont elle avait l’impression de ne pas pouvoir me parler. Je lui ai demandé si elle pouvait les écrire pour que nous puissions « en disposer correctement ». C’est ce qu’elle a fait. Je lui ai ensuite demandé de prendre l’enveloppe scellée et de la passer dans ma déchiqueteuse. Nous avons ensuite parlé des choses dont elle se sentait capable de me parler. Lors d’une séance ultérieure, elle m’a confié que depuis notre « rituel », elle se sentait beaucoup moins préoccupée par ces inquiétudes secrètes.

En fin de compte, l’inquiétude doit être un outil ou un signal qui nous permet de savoir quand quelque chose doit être abordé. Nous ne devrions pas perdre complètement cet outil, mais aucun outil ne devrait jamais être autorisé à asservir son propriétaire.