Biologie des Croyances – Bruce Lipton – Page 151
Le corps est en réalité doté de deux systèmes de défense distincts, chacun étant essentiel au maintien de la vie. Le premier système organise la défense contre des dangers externes. On l’appelle l’axe HPA [de l’anglaishypothalamus-pituitary-adrenal], c’est-à-dire l’axe hypotalamo-hypophysosurrénalien.
Lorsqu’il n’y a pas de danger, l’axe HPA est inactif et la croissance peut s’effectuer.
Toutefois, lorsque l’hypothalamus du cerveau perçoit un danger, il active l’axe HPA en envoyant un signal à la glande pituitaire, cette « glande maîtresse » responsable d’organiser les 50 milliards de cellules de la communauté en vue de réagir au danger imminent.
Vous souvenez-vous du mécanisme de stimulus-réaction de la cellule membranaire, les protéines réceptrices-effectrices ? L’hypothalamus et la glande pituitaire en sont les équivalents.
De façon similaire à la protéine réceptrice, l’hypothalamus reçoit et reconnaît les signaux provenant de l’environnement. La fonction de la glande pituitaire est analogue à celle de la protéine effectrice : elle provoque une réaction dans le corps. En réponse aux dangers externes, la glande pituitaire envoie un signal aux glandes surrénales, les informant de la nécessité de coordonner le mécanisme de défense du corps, c’est-à-dire de fuir ou de se battre.
Techniquement, les stimuli de stress engagent l’axe HPA selon un processus simple : en réponse aux perceptions de stress enregistrées dans le cerveau, l’hypothalamus sécrète le CRF [de l’anglais corticotropin releasing factor, qui se traduit par « substance libératrice de la corticotropine »], lequel se rend à la glande pituitaire.
Le CRF active les cellules pituitaires, qui libèrent l’hormone adénocorticotrope [ACTH ou adrenocorticotropic hormones, en anglais] dans le sang.
L’ACTH se rend aux glandes surrénales, où elle sert de signal à la sécrétion d’hormones surrénales de défense ou de fuite.
Ces hormones de stress coordonnent la fonction des organes du corps et nous fournissent la force physiologique nécessaire pour éviter le danger ou le fuir.
Une fois l’alarme surrénale déclenchée, les hormones de stress sécrétées dans le sang resserrent les vaisseaux sanguins du tube digestif, poussant le sang dans les tissus des bras et des jambes, ce qui nous permet de fuir le danger. Avant d’être dirigé vers les extrémités, le sang se concentre dans les viscères. La redistribution du sang des viscères vers les membres en réaction de fuite provoque une inhibition des fonctions de croissance.
Sans apport de sang, les viscères et les organes vitaux sont incapables de fonctionner correctement. Dès lors, ils cessent leurs activités vitales de digestion, de métabolisation, d’excrétion et d’autres fonctions vitales à la croissance des cellules et à la production de réserves d’énergie. Ainsi, les réactions de stress inhibent la croissance et compromettent davantage la survie du corps puisqu’elle interfère avec la production de réserves d’énergie vitale.
Le deuxième système de défense corporel est le système immunitaire, qui nous protège des dangers internes, dont ceux causés par les bactéries et les
virus. Lorsque le système immunitaire est mobilisé, il peut consommer une
grande partie des réserves énergétiques du corps. Pour comprendre la
quantité d’énergie que ce système consomme, rappelez-vous à quel point
vous êtes faible lorsque vous combattez une infection comme la grippe ou
le rhume. Lorsque l’axe HPA mobilise le corps pour se défendre, les
hormones surrénales empêchent directement le système immunitaire de
conserver ses réserves d’énergie. En fait, les hormones de stress sont si efficaces à le freiner que les médecins les administrent aux patients greffés pour que leur système immunitaire ne rejette pas les tissus étrangers !
Pourquoi le système surrénal freinerait-il le système immunitaire ? Imaginez que vous êtes à l’intérieur d’une tente, dans la savane africaine, combattant une infection bactérienne et une grave diarrhée. Tout à coup, vous entendez un lion rugir à l’extérieur de la tente. Votre cerveau doit décider quel danger est le plus grand. Il ne servirait à rien de combattre la bactérie si vous laissez le lion vous attaquer. Votre corps cesse donc de lutter contre l’infection pour mobiliser l’énergie grâce à laquelle vous serez à même de vous défendre contre le lion. Ainsi, l’activation de l’axe HPA a
pour conséquence secondaire d’interférer avec votre aptitude à combattre
la maladie.
L’activation de l’axe HPA entrave également votre capacité à réfléchir rationnellement. Le traitement de l’information dans le cerveau antérieur, siège du raisonnement et de la logique, est considérablement plus lent que le traitement des réflexes, contrôlés par le cerveau postérieur.
En situation d’urgence, plus l’information est traitée rapidement, plus l’organisme a des
chances de survivre. Les hormones surrénales de stress resserrent les vaisseaux sanguins du cerveau antérieur et réduisent ses capacités. De plus, les hormones répriment l’activité du cortex cérébral préfrontal, siège de la volonté et de l’activité conscientes. En situation d’urgence, le flux vasculaire et les hormones servent à activer le cerveau postérieur, siège des réflexes vitaux qui contrôlent le comportement de défense. S’il est nécessaire que les signaux de stress répriment l’activité consciente qui est plus lente, et ce, pour augmenter les chances de survie, c’est au prix d’une conscience et d’une intelligence réduites (Takamatsu et al, 2003 ; Arnsten et GoldmanRakic, 1998 ; Goldstein et al, 1996).