Perspectives sur la santé intestinale #7 – Dr. Emeran Mayer
Chapitre 7 Page 1969 et suivantes
Impression et Intuition peuvent être considérées comme les deux faces d’une même pièce. Les humains prennent leurs décisions avec les tripes.
L’intuition nous donne un aperçu rapide et globale. On sait et on comprend instantanément, sans penser ni déduction rationnelle. On sent quand une situation est louche on sent quand on a des affinités avec quelqu’un et ce n’est absolument pas rationnel. Et pourtant, on utilise souvent, souvent sans s’en rendre compte, nos impressions et intuition.
Les sensations intestinales génèrent en permanence une énorme quantité d’informations qui constituent le socle de notre expérience subjective de ce que nous ressentons.
Ce flux continuel d’informations est envoyé au cerveau.
Elles y sont traitées par une partie spécifique du cerveau. Elles y sont triées et prennent forme, en fonction des associations de ces ressentis avec les informations accumulées durant toute notre vie. Ainsi ces ressentis sont relatifs à chaque personne en fonction de son passé et de ses façons de fonctionner, et renvoient à des états émotionnels, les renvoient au corps.
comment naissent les impressions et intuitions
Le système de saillance du cerveau, est le seuil à partir duquel une chose donnée vient retenir l’attention, quand une information nouvelle est suffisamment puissante pour perturber l’état de conscience du moment.
Ce seuil de saillance est variable d’une personne à l’autre et même pour une même personne. Un état d’anxiété va par exemple placer le seuil de saillance très bas. A l’inverse, un état de méditation profonde sera accompagné d’un seuil de saillance très élevé, il sera difficile de perturber une personne qui est dans cet état.
Cette « saillance », ou seuil de changement d’état mental est un système de communication rapide.
Il est logé dans une partie du cerveau qui est spécifique à l’homme et aux autres animaux dits sociaux. Les scientifiques pensent que cette particularité est liée aux exigences qu’induit la vie sociale.
Nous avons une particularité des mammifères dits sociaux. Elle gère un système de communication rapide entre les informations stockées dans le cerveau et leurs conséquences prévisibles, qui changent notre état de conscience. On appelle le seuil à partir duquel quelque chose dans l’environnement vient sortir de l’état de conscience en cours la saillance.
Ce système de saillance est logé principalement dans le cerveau droit.
Saillance des informations subtiles que nous envoie notre corps
Les signes que nous renvoient notre cerveau après avoir traité les informations de l’intestin nous font prendre ces décisions « avec les tripes » : nous ne savons pas les rationaliser, mais nous « sentons » (ou pas) une situation, une personne, une perspective.
Nous pouvons facilement comprendre que nous ne partageons pas nos intuitions :
– L’information initiale vient des sensations de l’intestin et des sensations corporelles : nous n’avons pas la même flore intestinale, ne mangeons pas pareil etc…
– Elle est envoyée au cerveau qui la traite selon son acquis, selon l’histoire de la personne et même pour partie de son héritage epi-génétique, mais aussi de l’état émotionnel du moment, des évènements extérieurs récents, etc…
– Ces signaux sont renvoyés au corps sous forme d’impulsions plus ou moins intenses qui vont provoquer ces « impressions », malaises ou alors attirances, quand le seuil de déclenchement »de saillance » est atteint.