Se fier et référer « la réalité » aux messages en provenance de nos cinq sens, de nos émotions et de nos raisonnements intellectuels mène à une conception de la réalité qui n’est pas construite sur l’Être. Ce sont des messages extérieurs, normatifs, normalisés, prémâchés, qui ne procèdent d’aucune démarche de compréhension, ils ne portent pas de sens : Il leur manque une âme.
Les messages en provenance de nos cinq sens :
La «réalité» est uniquement issue des perceptions sensorielles, ce qu’on appelle habituellement le factuel. Elle est quantitative, centrée sur des «objets», qu’ils soient des choses ou des êtres vivants car vus en tant que fonctions. On pense que ce qu’on voit, entend, sent, est vrai et que la vraie réalité se limite à cela. La «réalité» intérieure, celle subjective, qualitative, celle qui donne du sens, qui est source de compréhension de soi et de la vie, est inexplorée, et même rejetée au rang de fumisterie.
Les messages de nos émotions : Quand on croit les émotions. Identifié aux émotions, on évolue dans un monde très contrasté où l’on passe son temps à rechercher à ressentir le plaisir de façon immédiate et intense, ou à exprimer la colère, ou alors à fuir ce qui pourrait être désagréable. C’est un état de dépendance au monde extérieur.
Les messages en provenance des raisonnements intellectuels : Survalorise les connaissances et le raisonnement intellectuel, au point de croire que la réalité se limite aux représentations et constructions mentales induites par la société occidentale, l’école et les sciences matérialistes. Les décisions prises selon cette réalité sont considérées comme rationnelles. Les messages en provenance de l’intuition sont généralement inaudibles car elle n’est pas développée, même rejetée ou au mieux qualifiée de « coincidence » (non réelle car pas expliquée par la science des matières).
Il en résulte des existences menées à la hâte, tournées vers et dépendantes du monde extérieur uniquement. Le monde intérieur est relégué au stade de l’enfance, au mieux, ou à celui des visionnages de scénarios de films ou de livres. L’introspection est un mot généralement inconnu ou incompréhensible car inconcevable, et la contemplation est une perte de temps.
Notre société dite de consommation, mais également toute son organisation, éducative, sanitaire, est basée sur les principes de la réalité du seul cerveau gauche. Le cerveau droit a droit aux restes, et du moment qu’on peut le dénigrer, on n’hésite pas à tirer sur le soldat qui veut donner du sens à l’existence.
Selon les travaux du Dr. Ferdinand Wulliemier, un psychiatre-psychothérapeute suisse s’appuyant notamment sur les travaux de Ken Wilber avec une approche énergétique de la psychologie, nous évoluons au travers des strates d’un mouvement qui a une tendance à la montée, l’élévation, selon des principes orientaux.
Il décrit ces niveaux de conscience et de développement, ou stades évolutifs, selon trois phases successives :
• La première phase, appelée « pré‐personnelle », animale ou prégénitale, comprend les aspects bioénergétiques, instinctuels et pulsionnels de notre développement. les mécanismes de défense les plus primitifs de l’ego qui prédominent à ce stade, tels que la projection et le déni, la tendance à la comparaison et à la jalousie, et la tendance à rechercher la suprématie, le pouvoir et la domination, à être au‐dessus des autres. La plupart des adultes sont partiellement (ou complètement) bloqués à ce niveau psycho‐affectif, qui consiste à vouloir être le premier, le plus intelligent, le plus riche, et surtout avoir raison : c’est le modèle même de l’homo sapiens argento-adoratis, dans un ou plusieurs secteurs de vie.
• La deuxième phase, dite « personnelle », est celle des stades proprement psychologiques ou humains du développement de notre personnalité. C’est celle des rôles et des règles, qu’on vit entre 25 et 45 ans quand on construit sa vie autour des modèles de la société. Tout est rôle et ordonné pour construire une personnalité. C’est aussi le stade où on cultive encore le stade précédent dans les standards de possession, de compétition, d’avoir raison… mais on ne développe pas le soi intérieur.
• La phase spirituelle ou transpersonnelle. Au cours de cette phase, l’ego et la personnalité s’élèvent. On recherche du sens. C’est le stade où on se dit « et moi dans cette histoire (cette existence) ? ». C’est quand on ne se contente plus d’incarner les rôles de mari, de père, de collègue, d’ami … quand on a besoin d’autre chose.
C’est un stade qui est compliqué à vivre, car l’entourage fera tout ce qu’il peut pour empêcher cette évolution, qui sera jugée irraisonnée, affabulatrice, irraisonnable. La personne va également culpabiliser, car l’autre sera abandonné, et s’il y a rupture dans le couple ce sera sa faute et les enfants seront malheureux « à cause » d’elle. Tout est déjà prêt dans nos cerveaux pour que la personne n’ait même pas la tentation d’essayer, surtout les mères de famille ! Il arrive aussi, comme moi, que la personne « pète un câble » en quittant l’autre du jour au lendemain après des années de latence. Car c’est juste horrible de vouloir une autre vie alors que le conjoint n’a rien demandé, rien fait de mal ! C’est d’autant plus culpabilisant que c’est moi qui avais évolué, donc j’étais le coupable ! Et évidemment, ma conjointe avait besoin que je reste moi à ses yeux, ce qui n’était plus vraiment possible, j’étais le même, mais j’avais évolué. C’est une situation qui n’est pas complexe mais qui le devient par le jeu des rôles, de la morale, la morale sociale du deuxième stade, celui de l’existence par les rôles et les lois où l’individu n’a pas vraiment sa place. Une autre morale s’impose alors, celle de la vérité, celle de la réalisation de soi pour être une meilleure compagnie pour et avec soi et les autres. C’est à ce stade que se développe les plus belles relations, celles qu’on dit « adultes », empreintes de sens, respectueuses de l’unicité et de la singularité de chaque-un. C’est le stade où le Tao entre en action.
la mouvement de la Vie va vers le haut, vers l’élévation spirituelle qui est l’aboutissement des stades précédents. Personne ne cherche à rester au stade des besoins les plus primaires et veut se développer. L’erreur est souvent qu’on se contente de rester dans cette recherche du plaisir instantané, dans la conception uniquement matérialiste du bonheur, et quand le sens des choses ne dépasse jamais celui des 5 sens.