Longue langue de terre posée sur l’horizon,
La lande se troue de hautes herbes jaunies,
Mes pas m’y portent, le paysage me transporte,
Sur les sentiers de cette autre Atlantide,
Ton absence prend forme dans ces altitudes.
Les chemins se croisent et les fourches me font douter,
De ma destinée que je pensais enfin tracée,
Jusqu’à ce jour de printemps, lorsque le temps s’est arrêté,
Quand se sont fondus dans l’instant le futur et le passé
Cet instant magique où nos routes se sont croisées.
Depuis, pris dans l’ouragan je tente de m’accrocher
Par tous les mots à ton parfum d’âme qui flotte en moi
Et chercher et planer dans les courants ascendants
Par dessus les plaines m’élever vers toi
Pour te rejoindre sur ton nuage, inaccessible
Mais je n’ai ni la force ni les talents
De me hisser sur les hauteurs de tes sentiments
Et je ne connaîtrai jamais la couleur de tes aubes
Et je ne jouerai pas la mélodie des crépuscules sereins
Dans la complétude d’une amitié partagée
Alors pour fuir ton silence assourdissant je m’enfuis, là-haut dans mon ermitage
Chercher un peu de toi au soleil couchant, quiétude de passage
Ta silhouette s’évanouissant dans la course d’un chevreuil
Tes gestes dans l’harmonieux balancement des branches
Ton parfum dans ces arbres aux fleurs blanches
Je veux rester là haut jusqu’à ce qu’une averse vienne me réveiller
Et me noyer dans ton absence et qu’elle cesse de me bruler.
Et dans l’espoir qu’un jour ce doux nuage blanc
M’enveloppe et m’emporte vers d’autres Terres
Je veux m’endormir dans le creux de tes rêves.