« HAGAKURE » LE LIVRE SECRET DES SAMOURAIS
par Jocho Yamamoto (1659-1719)« Les décisions importantes devraient être prises dans le calme…
Les affaires mineures doivent être étudiées avec sérieux. Il y a peu de problèmes réellement très importants, il ne s’en présente pas plus de deux ou trois dans l’existence. Une réflexion quotidienne vous en convaincra. C’est pourquoi, il est indispensable de prévoir ce qu’il y a lieu de faire en cas de crise. Lorsqu’elle survient, il faut se souvenir de la solution afin de la résoudre en conséquence.
Sans une préparation quotidienne, quand survient une crise délicate, on sera incapable de prendre une décision rapide, ce qui risque d’avoir des conséquences désastreuses. »****
S’il veut être prêt à mourir, un Samouraï doit se considérer comme déjà mort ; s’il est diligent dans son service et se perfectionne dans les arts militaires, il ne se couvrira jamais de honte. Mais s’il passe son temps à ne faire égoïstement que ce qui lui plaît, en cas de crise il se déshonorera. Il ne sera même pas conscient de son déshonneur. Si rien ne lui importe, hormis le fait d’être pas en danger et de se sentir heureux, il se laissera aller d’une façon indicible vers un état tout à fait lamentable.
Il est sûr qu’un Samouraï qui n’est pas préparé à mourir, mourra d’une mort peu honorable.***
Lorsque l’on rend visite à un Samouraï éprouvé par le malheur, ce qu’on lui dit pour l’encourager est toujours d’une extrême importance. Il est, en effet, capable de discerner aux travers des paroles, les mobiles véritables qui animent son interlocuteur.
Pour encourager un ami en difficulté, le secret à lui dévoiler est le suivant : un vrai Samouraï ne doit ni pavoiser ni perdre confiance. Il doit être celui qui va de l’avant, sinon il ne réussira pas et sera totalement inutile.***
Il existe ce que l’on appelle «l’attitude pendant l’orage ». Quand on est pris dans une averse soudaine, on peut, soit courir le plus vite possible, soit s’élancer pour s’abriter sous les avancées des toits des maisons qui bordent le chemin. De toute façon, on sera mouillé.
Si on se préparait auparavant mentalement, à l’idée d’être trempé, on serait en fin de compte fort peu contrarié à l’arrivée de la pluie.
On peut appliquer ce principe avec profit dans toutes les situations.***
La bonté ou la malignité du caractère d’un individu ne se reflète pas dans le succès momentané ou l’échec, ici-bas.
La réussite et l’échec ne sont, somme toute, que manifestations de la nature. Le bien et le mal sont, par contre, des valeurs humaines.
Il est pourtant commode, pour des raisons didactiques, de s’exprimer comme si succès ou échec dans le monde était le résultat direct d’un bon ou d’un mauvais caractère.***
Le Seigneur Naoshige avait coutume de dire :
« la voie du Samouraï est la passion de la mort. Même dix hommes sont incapables d’ébranler un être animé d’une telle conviction ». On ne peut accomplir de grands exploits quand on est dans une disposition d’esprit normale.
Il faut devenir fanatique et développer la passion de la mort. Si l’on compte sur le temps pour accroître son pouvoir de discernement, il risque souvent être trop tard pour le mettre en pratique.
La loyauté et la piété filiale sont superfétatoires dans la voie du Samouraï ; ce dont chacun a besoin c’est la passion de la mort.
Tout le reste découlera naturellement de cette passion.****
Un vieux proverbe dit : « décidez-vous en l’espace de sept souffles ».
Le seigneur Takanobu Ryuzoti fit un jour cette remarque : « Si un homme hésite trop longtemps à prendre une décision, il s’endort ».
Le Seigneur Naoshige dit aussi : « Si on s’élance sans vigueur, sept sur dix des actions entreprises tournent court. Il est extrêmement difficile de prendre des décisions en état d’agitation. Par contre, si sans s’occuper des conséquences mineures, on aborde les problèmes avec l’esprit aiguisé comme un rasoir, on trouve toujours la solution en moins de temps qu’il n’en faut pour souffler sept fois ».
Il faut considérer les problèmes avec calme et détermination.