RESSENTIR, SENTIR
On parle de ressenti. D’une part, il y a la douleur, c’est le signal des nerfs quand je me coupe dans le doigt en faisant la cuisine. Une douleur n’a pas de charge émotionnelle, il n’y a pas de belle douleur ou de douleur moche, de juste et de non justifiée.
La souffrance, elle, est dans la tête. Quand je m’étais cassé les épaules dans une chute à vélo, me laissant out pour quelques mois, on m’avait adressé des mots gentils de « pauvre Eric, comme c’est terrible de vivre tout ça » : j’avais la douleur pendant quelques jours et quelques nuits, mais je n’ai jamais souffert de cette parenthèse dans ma vie. J’ai découvert tout un tas de techniques que j’utilise aujourd’hui.
Quelques mois plus tard, je n’étais pas encore sorti de ma convalescence, arrivait l’enfer-me-ment généralisé sous prétexte de virus galopant. J’étais presque dans la même situation, mais psychologiquement tout avait changé. Le confinement ne m’a fait mal nulle part, mais j’en ai beaucoup souffert.
Sujet, Processus une fois de plus ! Ce n’est pas le sujet qui cause de trouble, mais le processus ! D’autres que moi ont très bien vécu le même sujet, dans un processus qui pour eux était joyeux.
Je pourrai ainsi dire que la douleur est un senti, et la souffrance est un ressenti.
Une douleur peut-elle être psychique ?
à priori, mon impression est que toute douleur psychologique est en fait de la souffrance.
Je prends un exemple extrême : Un deuil, on le sent dans le corps. Comme d’ailleurs quand on est amoureux. Dans les deux cas, c’est une douleur. On peut perdre l’appétit, être figé. Mais est-ce qu’un deuil ou être amoureux peuvent rendre malade ?
Un deuil peut ensuite devenir une souffrance, comme tout déséquilibre énergétique. C’est alors qu’on peut se rendre malade physiquement et psychologiquement, par la souffrance du deuil.
C’est le ressenti psychologique du deuil qui peut emporter jusqu’à la mort un veuf ou une veuve. Mon papa est veuf, il est très atteint mais il est très vivant. Une douleur se passe dans l’instant, une souffrance se construit dans la tête, c’est celle qui reste après la guérison.
Une douleur se soigne, et le corps guérit. C’est de la compétence médicale pour que le corps se guérisse. Une souffrance n’est pas de la compétence des médecines. Une souffrance requiert de l’introspection, le questionnement des croyances.
Les souffrances, aussi légitimes soient elles, sont dans les croyances. Interroger la croyance, c’est diluer la souffrance.