Un état dépressif surgit notamment quand la vie que la personne voudrait avoir est trop dissonante avec celle qu’elle vit. « Comment ma vie devrait être », et le blocage se crée déjà : il y a stagnation, d’où mal-être qui est souvent du « non-bien-être », puis rumination, insomnie, mauvaise digestion, perte de discernement,burn out, maladie…
Quand la vie n’est pas conforme à ses valeurs
Quand je dis » la vie qu’on vit « , ce n’est pas une réalité, mais le vécu, donc la perception d’une situation.
Les attentes sont construites.
Toute attente est construite, c’est une vue de l’esprit. Aussi positive soit considérée l’ambition, l’envie de progresser, etc… une attente n’existe pas, c’est dans la tête. Et avoir des attentes sur les autres, c’est construire des attentes qui sont par nature impossible à satisfaire, c’est comme si on voulait faire entrer une partie de soi dans l’autre.
Le jugement est dans l’attente
Ces états sont parfois lié à des attentes, donnant lieu à des jugements, ceux que j’évoque entres autres quand j’affirme que le jugement est partout sans qu’on ne s’en aperçoive.
**********
Attente vis à vis de l’autre
Attente de constance
C’est quand on attend de l’autre qu’il/elle soit toujours pareil, dans ses humeurs, dans son attention, dans son comportement.
Cette attente est liée à un besoin de constance, dans tous les éléments qui sont des repères de ce qu’est l’autre. Donc, quand il/elle n’est pas comme on attend, on est un peu perdu, on ne reconnait pas l’autre.
Alors, on n’accepte pas que la personne ne soit pas de bonne humeur, qu’elle a des états d’âme, des baisses de forme, quand elle est différente de l’attente qu’on a construit d’elle.
Or, nous sommes humains, ce genre d’attente ne fait que générer frustrations et conflits avec l’autre, qu’on blâme de ne pas être comme on voudrait qu’il/elle soit. C’est vrai dans le couple, dans le travail, avec les enfants, etc…
Est-ce que c’est de l’amour, vraiment ? Est-ce que c’est ça travailler avec les autres ? On peut changer de conjoint ou de boulot, les résultats seront les mêmes. Ces attentes sont construites, or la vraie vie est mouvement !
Attente de valeurs identiques
Cette attente est celle de croire que l’autre vit dans mes propres valeurs. C’est quand je voudrais que les autres vivent dans mes valeurs, parce que la vie c’est comme ça, parce que « c’est factuel », parce que ça se passe comme ça. Et ceux qui ne font pas comme moi, ceux qui pensent autrement, ce sont des cons, ils n’ont rien compris.
Pour renforcer ce biais, arrive là-dessus une parole qui est saine en elle-même » il faut avoir le courage de ses opinions » ou « affirme toi », ou encore « persévère, tout le monde ne peut pas avoir les mêmes idées et les grands inventeurs sont ceux qui suivent leurs idées ». Il devient impossible à la personne de se rendre compte qu’elle n’est pas dans des idées mais dans des jugements.
Penser que mes valeurs sont meilleures, c’est un jugement et c’est enfermer. C’est une illusion de croire que les autres vont vivre dans mes valeurs si je considère que mes valeurs sont meilleures. Ca concerne les parents, les enfants, les amis, les managers, les collègues, et ça concerne beaucoup les élus qui se pensent représenter la valeur de leurs électeurs.
L’attente d’empêcher l’autre de vivre dans une autre plus haute valeur que la sienne. Chacun prend ses décisions en fonction de ses valeurs, et non sur la valeur des autres.
Obliger l’autre à prendre ses décisions en fonction de mes propres plus hautes valeurs, c’est séparer, diviser, frustrer, et c’est brimer. Un jour ou l’autre, il y a conflit, et je ne comprendrai pas pourquoi …
personne ne vivra jamais dans tes valeurs
Si tu as compris ça, tu as fait un grand pas vers une communication plus saine avec tout le monde.
Attentes vis-à-vis de soi
Quand on s’attend à être soi-même dans un état de performance constant. C’est quand on n’accepte pas de ne pas aller bien, d’être parfois de mauvaise humeur, d’avoir des baisses de forme, ses manques d’envie, de ne pas être au top.
Cette attente est plus fréquente qu’on ne le pense, elle est insidieuse dans une société qui est celle de l’humain-robot, celui de la réussite, celui de la performance, celui du travail bien fait vite fait, et la société de la sur-sollicitation où il ne suffit pas d’être performant, mais tout le monde doit le voir et le reconnaitre, partout et à tout moment.
Attentes de trouver du bonheur dans les valeurs d’autres
Vivre dans les valeurs des autres peut mener à des états dépressifs et de grandes pertes. Une personne qu’on admire, ou un modèle de réussite qu’on a lu ici ou là, de calquer ma vie sur des valeurs qui ne sont pas les miennes ne peut pas me mener à me sentir moi-m’aime. Construire une existence sur des valeurs qui ne sont pas celles de la personne peut l’amener à prendre des décisions capitales dans sa vie. On peut ainsi se marier, avoir un boulot et tout un cercle amical qui ne correspond pas à ses propres valeurs. Le réveil se fait parfois sous forme de clash, ou alors ce genre de situation peut mener à une dépression profonde inconsciente.
Attente vis à vis du monde
L’attente d’un monde vivant mieux dans ses valeurs.
Quand on est persuadé que le monde devrait vivre selon telles valeurs que le monde irait mieux si … C’est beau de le souhaiter, mais de penser, c’est croire, et croire c’est attendre : attendre que le monde irait mieux si tout le monde vivait dans telles valeurs est source de conflits, et d’angoisse, car on est alors constamment déçu, découragé, désillusionné. On peut en arriver à vouloir imposer ses valeurs aux autres, ou à souhaiter du malheur à ceux qui ne partagent pas telles valeurs. C’est le cas des gouvernements, ou des groupes religieux, ou encore des sectarismes alimentaires.
Le mythe du surhomme ou le syndrome d’Emmanuel
Les valeurs d’une personne, associées à sa réussite professionnelle, et renforcée par un succès électoral, peut mener à ce que j’appelle le syndrome d’Emmanuel : c’est quand une personne pense sincèrement que ses valeurs doivent être partagées par tous, et agissent en conséquence comme elle, puisque cette personne a réussi, c’est la bonne méthode. L’engagement de ces personnes est sincère et puissant, et peur les mener à dépasser certaines valeurs pour arriver à leurs fins. Et ces personnes ne comprennent pas, très sincèrement, pourquoi et comment d’autres peuvent ne pas adhérer à leurs valeurs, puisqu’elles sont belles et porteuses de bien-être. (bien-être pour cette personne).
*****
Comment faire pour bien vivre avec ses valeurs dans le monde des autres ?
Je vous propose de prendre un temps de réflexion sur vos attentes, celles que chacun d’entre nous porte sur son entourage intime, familial, professionnel ou social. Se prendre un peu de temps permet de prendre du recul et de se détacher de l’affect, c’est à dire de l’identification.
Ensuite, je vous propose de nous intéresser aux valeurs via la réflexion suivante, avec un exercice éclairant pour définir et bien vivre ses propres valeurs : cliquez ici