Nous ne sommes pas nos états : ce bille s’appelait au départ « le bourbier de l’identification à l’état de dysfonctionnement, ou quand les états intègrent l’identité… »
Lorsqu’une personne a un rhume et qu’elle s’en remet, elle est « guérie ». Ok.
« Bonjour, je suis alcoolique ! » dit un type qui n’a pas bu une goutte depuis 13 ans. Mais pourquoi dit-il ça ? « Eh bien, je suis un alcoolique en voie de guérison ». Comme beaucoup d’autres « ex », il a la croyance qu’un alcoolique n’est jamais guéri.
Il s’est ainsi fondamentalement étiqueté comme étant alcoolique, donc dans le présent, alors que c’est un état qui est passé depuis longtemps. Il pense ainsi se prémunir de la rechute ! Mais justement, avec cette croyance, il porte dans son identité cet alcoolisme qui n’existe plus depuis tant d’années, il cultive donc le risque de rechute, puisqu’il y pense sans cesse !
Lorsqu’une personne avait un cancer, on dit qu’elle est « en rémission » : la maladie est permanente, et fait partie de son identité, même le corps médical a ce discours. Et généralement, l’entourage a la même croyance, et ne voulant pas en parler, cela se manifeste au travers des petites attentions ! Ainsi, autour de cette personne qui n’est pas malade, tous participent à cultiver un cancer à l’affut, donc présent, plutôt que de l’ignorer ! C’est glaçant, non ?
Les personnes en état de déprime peuvent être étiquetées et s’auto-étiqueter en tant que « dépressives », et là aussi, la dépression fait vite partie de l’identité : on cherchera et on trouvera forcément des traits de caractère, des antécédents familiaux, ou encore le très à la mode « transgénérationnel » etc… qui va accentuer la croyance d’une fatalité …
On pourrait trouver d’autres exemples.
Étiquettes identitaires
Ces états d’esprit sont habituellement utilisés comme des étiquettes, de la superstition pour se « protéger » contre le risque de retomber dans l’abus d’alcool, la dépression ou dans d’autres états, comme si déclarer guéri appelait la maladie à revenir ! Mais les étiquettes façonnent nos sentiments et nos attentes.
Le fait d’articuler l’identité autour du « diagnostic » n’est pas une bonne idée. Car le langage façonne nos attentes, et nos attentes amorcent nos expériences. Le subconscient prend tout « à la lettre », comme un enfant, il ne connait pas le second degré, les sous-entendus, les superstitions …
» ne pensez pas à un éléphant » et vous y pensez. » ne pensez pas à votre cancer » et la personne y pense ! Il y a deux manières d’inscrire quelque chose dans les programmes du subconscient : le choc et la répétition. Primo, l’annonce de la maladie, ou simplement la rencontre d’un idée de maladie avec l’idée de soi, est un choc ; Ensuite, le fait de cultiver cette latence correspond à la répétition.
Et le subconscient pilote notre corps, donc s’il est mal programmé, il pilote les mal-a-dit !
La façon dont un patient perçoit sa maladie peut avoir de grandes répercussions sur la façon dont il vit son diagnostic. Le fait qu’une personne considère la dépression ou l’alcoolisme comme une maladie qui fait partie de son identité, ou alors comme quelque chose qui ne fait pas partie intégrante de son identité et qui peut donc être maîtrisé, peut faire une grande différence.
Les étiquettes collent – mais elles peuvent aussi être décollées !
Nous sommes bien plus que nos « états ».
Présenter l’état dans sa temporalité.
Si je suis « dépressif » je le suis même dans les moments où je ne me sens pas déprimé. Or, personne n’est déprimé 24/24 depuis la naissance ; Personne n’est fumeur depuis toujours, tout autant que la maladie n’était pas toujours là … sauf si on le croit !
Selon que l’état est passé, ou encore présent on utilisera le passé, le présent et le futur :
A quelqu’un qui a été déprimé, « Racontez-moi un moment de votre vie où vous étiez heureux ? » , ou alors demandez-lui ce qu’il/elle fait quand il se sent bien, ou encore ce qu’il fera une fois que la dépression aura disparu.
… Au début, il y a parfois de la résistance et de la généralisation négative, du genre « je n’ai jamais été heureux », mais petit à petit les souvenirs remontent à la surface. Ensuite, demandez de formuler les submodalités : c’était dans quel contexte, quelles images / sons / odeurs / personnes, des dialogues, des sensations … C’est en même temps un état-ressource.
Séparer le trouble de la personne pour séparer le comportement problématique de l’identité fondamentale.
Faites référence à « ça » et non à « vous ».
Comment l’anorexie vous convainc-t-elle que vous êtes trop gros ?
Comment la dépression vous fait-elle envisager l’avenir ?
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Le poids de l’entourage
Ces croyances d’une non-guérison sont très fortes et l’entourage ne croit pas qu’une personne ayant eu un cancer ou ayant été dépressive puisse « vraiment » guérir : l’entourage ne croit même pas à la survie de la personne, alors même que cette personne a échappé à la mort … triste, non ?
Oui, les taux de rechute sont parfois importants, mais pourquoi ce serait dû au malade ? Pourquoi ne pas donner à la personne qui nous est chère sa chance, celle de ne pas faire partie des x% de rechute ? Evidemment, on a peur pour cette personne … mais est-ce de l’amour pour elle ou plutôt de la peur de la perdre elle ?
Voilà pourquoi suivre un parcours de coaching peut parfois être difficile, quand l’environnement, à savoir le plus souvent l’entourage familial, cultive lui aussi le « mal » qui dit, la mal-a-dit…