t’es polio ou quoi ?!   articule !   applique-toi !   tu écris comme un cochon, tu ne fais aucun effort ! d’ailleurs, tu es inorganisé !   tu ne sais pas synthétiser !    écoute, prends donc un outil pour planifier tes journées, car là ça ne va pas !   … pourtant j’ai été claire quand je t’ai demandé de faire ça !   mais tu n’as pas capté ça pendant la réunion !?   tu en fais des tartines à chaque fois, sois concis dans tes phrases et dans tes écrits ! …

… je suis juste dys. Ce n’est pas une excuse, je suis juste dys. En plus de ma vision très mauvaise, de mon petit défaut de visage, de mon complexe, je n’ai pas appris à l’école parce que je ne pouvais pas écrire et écouter en même temps. Ma scolarité était faible. Je n’ai pas pu acquérir certaines matières, et certaines méthodes qui me manquent aujourd’hui. Mais ce n’était pas de la fainéantise, je suis juste dys. Ce trouble a généré des effets secondaires qui sont, je pense, plus graves que les handicaps de la dyspraxie elle-même. Anxiété, complexes, sentiment d’infériorité, incompréhension, effort intense, fatigue intense.

Je découvre et j’apprends à l’adopter, l’accueillir. je lâche la pression, petit à petit. je comprends mieux, tout un tas de choses.

Je pense à ce piano électronique et je voulais apprendre le piano, ou encore à ces soudures électroniques à faire. Et de me laisser le temps, car je suis lent, assumer. Arrêter de culpabiliser pour tout ce que je ne peux juste pas faire, ce n’est pas un déficit, juste un handicap.

Je m’étonne de mon job, et je me dis que je devrais peut-être me chercher un autre boulot, plutôt dans l’action, où on n’a pas besoin de synthétiser et d’écrire des rapports. Tout est compliqué pour moi, lent, laborieux. Donc, je devrais faire moins, et arrêter de vouloir faire des choses qui ne sont pas dans mes cordes. Ca m’inquiète quand même un peu côté boulot, car j’ai du mal à assimiler, et certaines choses sont toujours aussi pénibles. Organiser une réunion, écouter et prendre des notes est chose impossible pour moi. Rédiger des compte-rendus et rapports, c’est la croix et la bannière, j’y arrive mais je me reprends X fois, j’y passe des heures interminables. En même temps, je ne vois pas quoi faire d’autre dans cette entreprise. Le contexte n’est pas du tout à l’inclusion, le contexte est de plus en plus dur. Et l’apprentissage est compliqué et long pour moi, donc m’offrir de la formation pourrait déboucher sur des mauvaises opinions « on lui a offert une formation et il n’a pas appris grand-chose ».

Bon, je n’en suis pas là, je vais commencer par adopter ma dyspraxie.