J’ai un jour entendu parler d’un jeune homme qualifié comme délinquant et perdu pour la société. En effet, il avait produit une fausse ordonnance médicale pour obtenir les médicaments que sa mère doit impérativement avoir pour moins souffrir d’une maladie invalidante. Les médicaments « prescrits » étaient un renouvellement.

La bête culpabilité : « c’est mal » : La culpabilité fige, rabaisse. En le punissant pour son acte, on espère faire quoi ? Le FORCER à faire  » comme il faudrait « .  Il le fera peut-être, ou pas. Mais s’il le fait, il n’aura pas compris le sens de son acte, et ne saura appliquer ce qu’il n’aura pas compris à d’autres domaines de l’existence.

La culpabilité est limitante, et culpabiliser quelqu’un est un acte qui de surcroit classe l’autre personne comme étant inférieure, car incapable de comprendre. En tout cas on peut remettre en cause la capacité à communiquer de ceux qui veulent culpabiliser leurs semblables : pourquoi il faut faire de telle manière ?  quel est le sens de la règle ?  Pourquoi je traite l’autre comme un sous-homme ? comment puis-je être respecté si je traite les autres de cette manière dégradante ?

Se culpabiliser, c’est se rabaisser soi-même, c’est dévaloriser ses propres talents, valeurs, façons de fonctionner.

 

La culpabilité se rapporte à quoi ?


Dans le cas du jeune homme qui a falsifié cette ordonnance, que doit-on modifier ? Pas ce qu’il mis en œuvre mais le contexte !

Il a fait preuve de valeurs et de talents : il se soucie beaucoup de sa maman, et ne supporte pas de la voir souffrir, au point qu’il en est venu à imaginer ce stratagème. Ensuite, il a imaginé cette solution, travaillé son « œuvre », et a eu certainement à surmonter sa peur de passer à l’acte, donc du courage. Il a mis la valeur « maman » au-dessus de la valeur du respect des règles d’obtention de médicaments. Les valeurs qu’il a mis en œuvre sont OK. Ses talents aussi. Ce qui ne colle pas, c’est le contexte.

Culpabiliser la personne, c’est lui enlever la valeur de ses bonnes intentions ! Et donc, quelque chose sera blessé, perturbé, en lui. En le culpabilisant, on va lui envoyer un message inverse de celui qu’on a l’intention d’envoyer.

Quand on se culpabilise soi-même, les conséquences peuvent être pires, car l’émetteur de la culpabilisation ne peut pas être blâmé, ou rejeté : c’est soi !

Dans tout ça, la culpabilisation, qui je le répète est destructrice, voulait en fait lui dire qu’il n’est pas correct voire dangereux de falsifier une ordonnance ! Tout parent voudrait protéger son enfant d’une « bêtise », d’un acte « irréfléchi » : mais en culpabilisant la personne, on commet aussi un acte irréfléchi !

 

Nous ne fonctionnons pas tous de la même manière. Les humains sont différents. Certains sont tout à fait ok pour appliquer à la lettre des règles, et ne comprennent pas que d’autres ne les respectent pas. Ces personnes très proches des règles pensent parfois que ceux qui ne les respectent pas le font par bêtise, ou parce que ce sont de mauvaises personnes. Non ! Ce sont juste des personnes qui ont besoin de donner du sens !

Ces personnes qui ont besoin de sens sont aussi les créatifs de notre société ! Elles ont parfois du mal à comprendre la « bassesse d’esprit » de ceux qui ne discutent jamais les règles. Et en effet les personnes qui appliquent simplement les règles sont souvent peu créatives, et une société dynamique a besoin de créativité, de donner du sens au collectif !

Donc, nous avons besoin les uns des autres, et nous avons besoin d’un peu de tolérance et d’ouverture.  Nous avons besoin à la fois de règles communes, mais ces règles doivent aussi répondre à un sens commun, et pouvoir rester dans une dynamique, car la vie bouge, la société évolue et les règles doivent pouvoir être adaptées.

Rester figés dans les règles anciennes, ce serait emprisonner les homosexuels; Aujourd’hui même les esprits les plus rigoristes admettent que cette loi qui n’a pas 50 ans est à remettre en cause.

 

Le contexte

Pour en revenir à notre exemple, si on y regarde de plus près, c’est le contexte de mise en œuvre de son intention qui est à revoir, pas son intention !

Et le contexte, si on amène la personne à interroger ce contexte, elle trouvera par elle-même les bonnes raisons de ne pas faire cet acte, et adhèrera d’autant plus au respect des procédures d’obtention des médicaments : beaucoup sont dangereux, l’utilité des pros de la maladie (les médecins), le contrôle des interactions, les indications des médicaments, etc… il prendra conscience du danger potentiel du résultat de la falsification pour sa maman, et sera peut-être content d’avoir été intercepté dans sa manigance.

 

Prendre du recul

La culpabilité nous enferme dans le passé : un acte « mauvais » a été commis, la personne est mauvaise, sans explication il n’y a pas de compréhension, et sans compréhension la personne va rester dans sa culpabilité.

C’est un piège, et un facilité, et parfois un refuge facile de s’auto-saboter « je suis coupable », dans le sens « je n’ai pas envie de faire l’effort d’être responsable ».

Responsable inverse de coupable

Le coupable est un sous-homme qui n’a rien compris, basta. Une personne qui est responsable répond à ce qu’elle est capable de faire. Si je ne suis pas capable, je ne peux pas en répondre.

Donc, amener une personne à être capable de comprendre son acte, sans jugement, l’amène à en répondre : la prochaine fois, elle saura répondre de son acte. A partir de là, quand on a compris, les priorités des valeurs sont revues, et la valeur « soulager ma maman de ses douleurs » ne passe plus au-dessus de la valeur « tout faire pour la soulager » parce que sera intervenue la valeur « respect des règles d’obtention des médicaments (pour de bonnes raisons).