» Quand tu réalises que toutes choses changent, alors tu cesses enfin de vouloir les retenir  » – Lao Tseu

 

On ouvre alors les portes à ce qu’on appelle le lâcher-prise. A quoi ça sert de lâcher-prise ?  Ca sert à prendre du recul.   Ca sert à ne pas bloquer la vie.

Quand on se trouve devant un changement dans ce qui constitue notre réalité, on a tendance à retenir, et à rectifier, à revenir à la situation d’avant.

Pour quelle raison ? Cela arrive quand le changement s’opère sur un ou des éléments extérieurs sur lesquels reposent la sécurité, l’harmonie avec le monde, l’amour de l’autre. Un équilibre est rompu, un statu quo qui tournait tranquillement devient chaos.

Nous pouvons trouver de nombreux exemples de chaos. Un deuil en est un exemple très parlant. L’autre n’est plus là, la relation à cet autre change alors. Tous ceux qui ont vécu le deuil d’un proche savent dans leur chair à quel point une partie de soi est arrachée. C’est ensuite le processus de deuil, que j’appelle un processus de vie, et un processus vital, qui se met en route. Processus de vie, car alors la vie se ré-invente.

La vie continue sans nous, elle s’insinue partout, elle avance sans nous, elle ne nous attend jamais. C’est un processus inexorable. Dans sa grande arrogance, l’homme croit encore que la vie s’arrête quand il s’arrête, ou quand il le décide. C’est une preuve de faiblesse que de mettre fin à l’existence d’une personne, ou de l’enfermer, car la Vie, elle, continue toujours. D’ailleurs, ceux qui tuent ne tuent que de la matière, ils ne tuent jamais la liberté de penser, et renforcent en eux-mêmes, pour toute leur existence, ce qu’ils pensent avoir tué en tuant les personnes : ils ont tué personne, en fait, mais ne tuent jamais un Être, car Être est, n’a pas de forme ni de temporalité, ne peut être stoppé.

Quand on veut retrouver  » la vie d’avant  » on retient ce qui n’existe déjà plus. Même hier n’existe plus. Ce qui nous donne l’illusion qu’aujourd’hui est la continuité de hier, c’est l’illusion que nous avons de contrôler la vie. Moins elle bouge, plus nous avons l’impression qu’aujourd’hui ressemble à hier. Et c’est comme ça que nous nous retrouvons à avoir des jours qui passent vite, des semaines qui passent vite, des mois et des années, et la vie passe à une vitesse folle. Un jour, on se rend compte qu’on n’en a qu’une, et qu’elle est passée.

Retenir la vie d’avant est une illusion, car la vie ne recule jamais. Ce qui existe, par contre, c’est un nouveau lendemain, c’est du neuf, c’est de construire à nouveau, d’inventer et de réinventer la vie qu’on a.

Pour inventer du neuf, la recette est-elle de vouloir à tout prix revenir à la vie d’avant ? Quand c’est possible, on trouve des éléments extérieurs qu’on désigne coupables. Mais ce n’est que reculer l’échéance, finalement.

En voulant retenir la vie d’avant, tu t’opposes à vivre la transformation déjà à l’oeuvre.