Sur toute la Terre, les êtres sensibles vont et viennent, s’en viennent et s’en vont, affairés, occupés à vivre et survivre. Sur toute la Terre, je peux sentir leur présence, leur subtile présence.

Tandis que chaque-Un est affairé à faire ce qu’il a à faire, l’Être-itude les investit, de la naissance à la dés-investiture, qu’on appelle mort, puis s’en va investir une autre forme matière.

L’Êtreitude, unique, une et indivisible, nous relie, nous unit, tous, ceux qui sont dans ce présent, et aussi ceux qui étaient avant nous, dans un continuum de vivance.

L’héritage sage ne monte cependant pas vraiment à la surface du conscient, nous sommes trop occupés à nous agiter. Cependant, les êtres ressentent leur Être-itude lorsqu’ils se connectent.

Le regard furtivement croisé d’un animal qui passait par là, le menton d’un chien sur ma cuisse, la patte du chat contre ma poitrine, et le souvenir de la caresse d’une femme sur mon bras, son regard caresse mon âme, quel doux souvenir douloureux.

La vie en moi qui est remuée par ces vécus, ils lui donnent la valeur d’être vécue, la chaleur et les couleurs, le relief et la raison pour laquelle j’ai envie de la garder en moi. Quand parfois la tristesse me prend, la vie se fait lente, pesante, et je me sens la quitter doucement, jusqu’à souhaiter, ça arrive, qu’elle s’investisse ailleurs, en abrégeant cette expérience de vie actuelle. Mais ce n’est pas « moi » qui choisit, « elle » est là jusqu’à ce qu' »elle » le décide.