Nous appelons bien ce qui nous procure de la joie, et mal ce qui nous fait souffrir – B Spinoza

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Pour vérifier le bien-fondé de toute idée, il suffit d’en vérifier la présence dans le monde réel de na nature. Or, le bien et le mal n’existent pas dans la nature. A chaque fois que nous voyons le bien ou le mal dans la nature, c’est notre interprétation qui est aux commandes. L’amour d’une biche pour son faon, ou bien la cruauté du lion envers ses petits ne sont que des idées d’humains. Mais concrètement, le bien et le mal n’existent pas : c’est nous les humains qui voyons de l’amour ou de la cruauté. Le fait est que la biche lèche son petit et que le lion tue le sien, le reste est interprétations.

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Nous pouvons donc commencer par considérer que le bien et le mal sont des notions humaines, sorties de notre image-ination : ils n’existent pas en dehors de notre cerveau. Pourtant, nous partageons ces notions. On nous les a appris étant petits, « pour notre bien ». Parce qu’on ne nous a pas appris à agir avec amour, en prenant soin de nous, donc des autres. Parce qu’on ne nous a pas appris à mettre en priorité la recherche de l’harmonie avec les autres et la recherche de la sérénité de l’existence. On nous a appris à rechercher le pouvoir, la possession, et on nous a appris que c’est le pouvoir et la possession qui nous protègent du mal, des méchants, de la maladie, de la misère.

Ainsi, la position sociale de bien-pensance et le pouvoir sont devenus des synonymes de « le bien » : ils permettent, selon cette théorie, d’obtenir la paix, la sérénité, l’abondance, le bonheur.

Pourtant, un bonheur qui est bonheur aux dépens d’autres, aux dépens de la planète, qui s’arrête à la porte d’entrée, est-il ce que je recherche ? Non. Il engendre la méfiance, les guerres, les convoitises, la séparation, la haine : c’est l’autre le fautif, c’est l’autre.  Tant que je suis dans le camp des « bons », tout va bien, et je n’ai qu’à me barricader, me protéger des « mauvais ». C’est pour ça que j’ai des moyens, cette abondance me permet de me protéger, de m’armer. Je ne m’arme que pour me protéger, pas pour agresser. Je n’agresse personne, je veux juste qu’on me laisse profiter tranquillement de ce que j’ai mérité. J’ai fait des études, j’ai fait des sacrifices, je fais attention à ma famille et à mes amis, je ne vois pas ce que je fais de mal.

Tu ne fais rien de mal, et tu ne fais rien de bien !

le bien et le mal étant des notions humaines, ils sont définis par nos conceptions. Ce qui est « bien » et « mal » pour toi, aujourd’hui et ici, dans ta vie, n’est peut-être pas si bien ou mal si tu étais quelqu’un d’autre, d’une autre culture que la tienne, d’une autre origine que la tienne, d’un autre parcours de vie que le tien.

Le bien et le mal sont mouvants

Fut un temps où penser que la Terre est ronde était une hérésie. Aujourd’hui, les « platistes » sont moqués. Selon que tu étais né avant ou après ce qui te parais aujourd’hui une « évidence », tu étais quelqu’un de « bien » ou de « mal ».

Fut un temps, il y a quelques dizaines d’années, l’homosexualité était mal vue, et passible de prison. Le bien et mal sont traduits en lois par les humains.

Les idéologies

Le bien et le mal sont traduits en lois, en enseignements, en traités, en sujets de recherche et en science. Ce sont des systèmes de pensée, des idéologies.

Le nazisme était la solution à la grave crise identitaire, politique, économique et sociale qui sévissait depuis la fin de la première guerre mondiale en Allemagne. Les nazis ont relancé l’économie, redonné du travail aux allemands, redonné de l’espoir et une fierté nationale après 15 ans d’humiliation et de pauvreté. Sont nés des concepts comme la voiture du peuple, la voiture pour tout le monde, solide et pas chère, ou encore les autoroutes. Autant de « bonnes » choses. Certes, les Juifs en étaient les victimes, mais comparé aux bienfaits qu’apportaient ce régime socialiste, on pouvait se dire qu’aucun régime n’est parfait, et puis d’une certaine manière, c’est que, certainement, si ce gouvernement qui nous apporte tant de bonnes choses agit ainsi c’est surement pour notre bien. Ce discours te choque ? Essaye de te transporter dans les années 30, dans une Allemagne dévastée, pauvre, humiliée, très mal gouvernée : si un homme propose de relancer l’économie, de redonner une fierté, un dynamisme économique, ne serais-tu pas prêt à fermer les yeux sur quelques excès, comme aujourd’hui on maudit les non-vaccinés  » qui l’ont bien cherché un peu, quand même  » …

Ces notions de bien et de mal sont relatives : aux époques, aux cultures, aux origines, à l’histoire personnelle. Qu’est-ce qui me permettrait de juger que seule ma notion de bien et de mal sont « bonnes » ? Qui serais-je ? Quelle arrogance m’habiterai ? Une arrogance signe de manque de réflexion, de manque de maturité, en fait.

Gouvernés par des immatures

Nous sommes gouvernés par des immatures, qui se sont arrêtés à des notions de bien et de mal pour diriger le monde selon des conceptions imaginées : le bien et le mal n’existent pas dans la nature, comment prétendre gouverner le monde du réel avec des notions aussi peu fiables ?

Il veulent changer le monde pour espérer un bonheur extérieur

ce que veulent ces gens qui nous gouvernent, et ce qu’ils nous enseignent, c’est qu’il faut changer le monde, le modeler à la forme de notre « bonheur » : or, nous le voyons, changer le monde n’est pas source de bonheur, au contraire, aujourd’hui même les riches perçoivent les effets de leur manque de vision.

Vivre en harmonie avec le monde ne signifie en rien le changer, mais de vivre avec lui, dans lui, en symbiose.

le bien et le mal sont les moteurs d’une vie passive

Tout ce qui est « bien » et « mal » peut être rapporté à des conceptions passives, externes. Tout ! Et ce sont des jugements. Or, je ne veux pas d’une existence faite de jugements, passive, mais je veux une existence de vie, active, où j’estime ce qui est bon pour moi : si je réfléchis à cela, je ne peux que rechercher l’harmonie avec mon environnement, puisque du moment que je maltraite mon environnement relationnel ou naturel, je dégrade mon cadre de vie, donc je dégrade mon bonheur.

Alors si on allait voir ailleurs ?

 » Mais si on doit gouverner sans bien et mal, ce serait l’anarchie !!!  » : pas selon une absence d’organisation de la société ! Cependant, lorsque les sources de joie sont actives, lorsque je recherche l’harmonie avec mon monde, je peux être dans un bonheur qui est plus réel, plus concret, qui n’est pas dépendant des idées de bien et e mal, qui sont des idées humaines.