Homo sapiens : l’espèce orpheline (2)

Intervenant(s) : Lluis Quintana Murci, Institut Pasteur, Paris

Par rapport aux autres primates, l’homme moderne a une très faible diversité génétique
Dans un échantillon donné d’humains, les différences génétiques n »ont rien à voir avec les origines ethniques. On trouvera exactement les mêmes différences entre 100 parisiens qu’entre 100 Abidjanais et que entre 100 personnes d’un mélange de ces deux populations.
Deux individus au hasard n’importe où sur terre vont avoir 0.1 % de différences génétiques. La plupart de ces différences sont neutres.

Une partie de ces mutations est responsable de nos différences :

– apparence physique,
– adaptation au climat, la vie en altitude par exemple,
– explique  pourquoi on n’est pas tous égaux face au métabolisme de certains aliments comme le lait
– explique pourquoi on n’est pas tous égaux face aux traitements thérapeutiques (pharmacogénétique), la réponse aux antibiotiques, influence nos différentes vulnérabilités face à un agent infectieux …

Ainsi, chacun de nous porte en lui 10 000 mutations qui changent l’expression proteïque.

La génétique nous montre que tous les humains sont bien originaires d’Afrique, et la diversité génétique des non-africains est plus fable que celle des Africains, et tous les gènes des non Africains se trouvent chez les Africains.

Les facteurs qui façonnent la diversité génétique naturelle

– Les forces génétiques
– La sélection naturelle
– Les forces démographiques : Les populations qui ont subi un goulot d’étranglement portent en elles plus de migrations du génome : migrations de petits groupes dans des conditions difficiles (comme les islandais, les finnois, populations des pays baltes). Ceci parce que la sélection naturelle n’a pas encore eu le temps de purger ces mutations.

La plupart des mutations ont les mêmes fréquences.

Structuration des différences génétiques :
Sur 3000 échantillons des différentes populations d’europe, la structure génétique des populations européennes reflète presque parfaitement la carte géographique de l’europe.

On peut ensuite étudier les populations partageant des mêmes mutations génétiques par rapport à leur sensibilité à certaines maladies. Par exemple suite à des comportements sociaux, une population va favoriser une mutation génétique.
Dans certains cas bien précis, les mutations ne sont pas neutres. Par exemple (et en éxagérant un peu le trait pour illustrer), un gêne mutant commun au départ avant la sortie d’Afrique de ceux qui sont devenus des Européens, a rencontré une « utilité » lui correspondant, ici la résistance au paludisme.
On se demandait si ces situations existent, la réponse est très peu mais oui, et ça arrive surtout dans des mutations qui changent l’acide aminé d’une protéine ou dans des mutations que sont impliquées dans la régulation de l’expression génique.
Mutations génétiques positives héritées du passage à l’agriculture
La plupart des mutations génétiques ont eu lieu à l’époque où l »Homme a commencé à développer l’agriculture, donc la sédentarité.
Cela comprend les « mutations positives » qui protègent mieux les différentes populations face aux agressions des pathogènes de leurs régions respectives. Je comprends que les agriculteurs sédentaires ont développé ces mutations face aux pathogènes que leur mode de vie a généré (sédentarisation, spéciation des animaux, absence de mouvement, endogamie…).
Je comprends donc aussi que les populations non sédentarisées n’avaient pas besoin de développer ces mutations, étaient plus sensibles aux pathogènes qu’ils rencontraient, comme par exemple le cas célèbres des Indiens d’Amériques quand les Européens ont débarqué.
L’héritage Néanderthélien des Européens.
L’héritage génétique des très rares croisement avec Néanderthal a donné lieu à un résultat d’héritage qui est supérieur à celui que la hasard aurait produit. Il y a eu une sélection de cet héritage, et notamment celle qui a résulté à l’héritage génétique d’une meilleure résistance des Européens face aux infections virales, issu du croisement avec Néanderthal.  En clair, les Européens ont hérité de Néanderthal une résistance supérieure face aux attaques virales.